samedi 29 mars 2008

Lieux communs

Un enseignant est présent 18 heures par semaine devant ses élèves. Si on ajoute les temps de préparation des cours, de correction, de concertation avec les collègues, de formation, d'orientation des élèves, d'entretiens avec ceux-ci, avec leurs parents, de conseil, d'administration etc... on arrive à un total qui dépasse allègrement (!) le temps de travail hebdomadaire légal.
Augmenter le temps de travail, c'est augmenter la fatigue, mais surtout les risques d'erreurs et d'accident. Qu'un ouvrier de chez Renault monte de travers une portière de voiture parce qu'il est épuisé et sous la pression, c'est peut-être grave, mais pas irrémédiable. Qu'un enseignant commette le même genre d'erreur, et on en devine les conséquences.

La politique qui se dessine consiste à diminuer le nombre d'heures « normales » pour les enseignants, et parallèlement d'augmenter le nombre d'heures supplémentaires disponibles. Les enseignants seront moins nombreux, ils travailleront plus. C'est la conséquence de la dernière suppression de plus de 11000 postes à l'Education Nationale (dont près de 9000 enseignants), s'ajoutant aux précédents fauchages (quelques 40000 postes).
Cette politique présuppose une participation volontaire (pour l'instant...), voire enthousiaste, des enseignants qui, victimes du lavage de cerveau du « Travailler plus pour gagner plus » se rueraient sur cette manne.
Elle touche essentiellement les établissements situés dans les quartiers populaires.
C'est inquiétant et appelle quelques remarques.

Notre collège Bellefontaine est touché. Le contrat de trois ans « sur objectifs » qu'on nous a imposé, dit « ambition-réussite », qui devait nous assurer des moyens supplémentaires, moyens d'ailleurs amputés à d'autres établissements, notamment ruraux, nous a en réalité juste permis de ne pas perdre les moyens dont on disposait. C 'était vrai la première année. Ce n'est plus le cas, et les moyens baissent. Les contrats n'engagent que ceux qui y croient...
Le mépris dans lequel le gouvernement tient les enseignants, avides et égoïstes comme chacun le sait, prêts à sacrifier l'intérêt de leurs élèves pour quelques euros de plus, ne serait pas si grave s'il ne se doublait d'un mépris plus grand encore envers nos élèves, les futurs citoyens. Peu importe ce qui se fait au Collège (on pourrait parler des programmes...), et comment cela se fait, du moment que tout est « sous contrôle ». Une immense garderie, ce sera déjà bien assez.

Ce qui nous arrive dépasse largement le cadre de nos collèges et lycées de banlieue. C'est le pilier principal de notre République, l'Education, qu'on cherche à saper. Et on nous demande, avant de l'imposer (voir le rapport Pochard), de participer au sabotage. Non merci.

Que les parents de nos élèves aient réagi si rapidement et de manière si déterminée prouve qu'ils sont pleinement conscients des enjeux. C'est le signe d'un attachement fort et déterminé à une Éducation Nationale de qualité.

SIB